15 Novembre 2015, nous n'oublierons jamais.
Il y a déjà dix ans, Paris était le spectacle de terribles attentats. Dix ans déjà, mais encore en moi résonnent les images, les sons, les émotions de cette terrible soirée.

Je me souviens très bien de ce soir-là. Nous étions loin de la capitale, en famille, ensemble après des deuils encore récents. L'ambiance était déjà lourde, comme le sont ces moments où la tristesse s'invite à table sans y être conviée. Nous ne pensions pas que cette soirée allait devenir encore plus oppressante.
Notre retour pour Paris était prévu le lendemain matin. En attendant, nous avons passé un peu de temps devant le match de foot avec le beau-frère. Ce n'était pas vraiment pour le sport (ce n'est pas ma tasse de thé) mais simplement pour prolonger cette dernière soirée ensemble, avant de reprendre le cours des choses.
Et puis, à la fin du match, ce message:
"Édition spéciale à suivre sur les événements à Paris."
Nous nous sommes regardés, sans comprendre. Pas même le réflexe de prendre nos téléphones. Nous sommes restés là, figés, hypnotisés par l'écran. Les mots tombaient, lourds de sens. Les images défilaient. Le silence s'est installé entre nous, un silence que seule la voix du journaliste venait briser, nous racontant l'horreur en direct.
Comment cela pouvait-il être possible?
Nous avons fini par aller nous coucher, sans vraiment dormir. Avant de fermer les yeux, un dernier regard sur Facebook, comme par habitude. Et c'est là que nous avons découvert ce dispositif inédit en France: le Safety Check.
Une notification nous invitant à signaler que nous étions "en sécurité". D'autres, dans la foulée, annonçaient que nos amis allaient bien eux aussi. Ce simple message a été comme un retour brutal à la réalité. Nous étions loin, mais ce drame se déroulait tout près de chez nous.
Je pensais déjà au lendemain. À ce train pour Paris.
Ce train habituellement bondé était ce jour-là presque vide. Arrivé a Paris le silence régnait sur le quai, seulement troublé par les pas des militaires en patrouille. L'atmosphère était étrange, irréelle.
Et puis, il y a eu l'après.
C'était la première année d'école de notre Loustic. Trop petit pour comprendre pourquoi, du jour au lendemain, nous n'avions plus le droit d'entrer dans la classe. Pourquoi il fallait dire au revoir devant le portail. Pourquoi des militaires surveillaient les entrées et les sorties de l'école. Ces petits changements du quotidien racontaient, à leur manière, un monde bouleversé.
Les jours qui ont suivi ce 13 novembre ont marqué ma mémoire.
Rien n'était plus pareil.
Avec le recul, je me demande si cette soirée n'a pas influencé nos futurs choix de vie. Si une petite voix intérieure ne nous a pas murmuré à ce moment-là qu'il fallait partir, aller respirer ailleurs. Deux ans plus tard, nous quittions la capitale. Était-ce par peur? Par besoin d'air? Peut-être un peu des deux.
Sommes-nous plus en sécurité aujourd'hui? Je n'en suis pas sûre. Mais nous sommes vivants, et nous profitons de cette vie, car tout peut basculer si vite.
Ce 13 novembre restera à jamais un jour de deuil, de tristesse, de sidération. Mais il nous rappelle aussi une vérité essentielle: la vie, fragile et précieuse, mérite d'être vécue pleinement.
Alors aujourd'hui, dix ans plus tard, je choisis de me souvenir.
Pas seulement de l'horreur, mais aussi de l'union, de la solidarité, de cette envie viscérale de continuer, malgré tout.
Parce qu'après la peur, il y a toujours la vie.
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