Vendredi dernier, je suis allée au musée Lombart de Doullens pour assister à la présentation d'un don de Jean-Michel Abar, enfant du pays, à notre musée: un morceau de l'étrave de la Calypso, célèbre navire océanographique du commandant Cousteau.
Je ne pensais pas qu'un simple morceau de bois, posé dans un musée pouvait faire remonter autant d'images, d'odeurs et de sensations… Autant de beaux souvenirs d'enfance, un temps oubliés.
Ce soir-là, chacun semblait retrouver un petit morceau de son histoire rien qu'en évoquant le nom du commandant Cousteau. Jean Michel Abar a favorisé cet échange de souvenirs en partageant avec nous un bout de vie, un morceau de bois témoin d'un joli parcours, un bout de son histoire.

Jacques-Yves Cousteau: l'homme au bonnet rouge
Pour les nouvelles générations, Jacques-Yves Cousteau est un nom lointain, bien souvent étranger, peut-être parfois un nom glané au détour d'un article ou d'une photo. Pour moi, il reste avant tout l'homme au bonnet rouge. Une silhouette qui évoque l'aventure, la curiosité et l'envie de comprendre le monde.

Mais le commandant Cousteau n'était pas seulement un explorateur. Il était un officier de marine, un ingénieur, un inventeur, un scientifique passionné et un défenseur de l'environnement.
Il a parcouru les mers du globe pour nous révéler les merveilles et les fragilités du monde marin. À une époque où l'écologie n'était pas encore une préoccupation du quotidien, il avait déjà compris l'urgence de protéger les océans.
Avec cette présentation, j'ai réalisé que derrière l'explorateur de mon enfance se cachait un homme moderne, un précurseur.
La Calypso: un navire devenu légende
Et puis, il y a la Calypso, le navire emblématique de Cousteau. À l'origine, ce navire n'était qu'un dragueur de mines reconverti, mais Cousteau lui a donné une nouvelle vie: celle de navire océanographique.

A bord de la Calypso il a tourné des documentaires qui ont émerveillé des millions de téléspectateurs, révélant la beauté des fonds marins comme jamais auparavant. Sa silhouette blanche et effilée glissant sur les vagues est devenue une image emblématique…
Voir un morceau de son étrave là, sous mes yeux, c'était comme toucher à un pan vivant de cette légende. Un fragment qui a affronté les tempêtes, traversé les océans, et porté tant de rêves.
Un fragment d'histoire, une pluie de souvenirs d'enfance
Alors qu'autour de moi, chacun partageait un souvenir lié à Cousteau ou à ses documentaires, c'est un autre souvenir qui s'est imposé à moi: Le grand fichier du commandant Cousteau. C'était une collection de fiches cartonnées, classées avec des intercalaires.
Je me souviens encore de leur odeur, de leur texture, de leurs illustrations qui me faisaient voyager à travers des mondes sous-marins inconnus, et de cette sensation de découverte à chaque fiche. C'est comme si je les avais feuilletées hier. C'était peut-être ma première collection, mon premier trésor à moi.

En voyant ce morceau de la Calypso, c'est comme si ce fichier était réapparu d'un coup, intact, prêt à être feuilleté à nouveau. Un souvenir que je croyais perdu, réveillé par un fragment d'histoire posé dans une vitrine.
Ce don au musée Lombart a été bien plus qu'un événement culturel. Il a agi comme un miroir, me renvoyant à l'enfant que j'étais, celle qui ne comprenait pas encore l'importance du travail de Cousteau, mais qui, grâce à l'homme au bonnet rouge, a commencé à voir le monde autrement.
C'est la magie des objets chargés d'histoire: ils réveillent en nous des émotions que l'on pensait endormies. Ils nous ramènent à ce qui nous a construits, à ces petites graines plantées sans bruit dans notre enfance et qui, bien des années plus tard, font encore partie de nous.
En quittant le musée Lombart ce soir-là, j'ai compris que ce fragment de la Calypso n'était pas un simple morceau de bois dans une vitrine. C'était un témoin silencieux, porteur d'une histoire collective mais aussi profondément personnelle.
Ce petit morceau de bois, chargé de mers lointaines et d'aventures oubliées, m'a rappelé l'importance de ces lieux où la mémoire se transmet, où l'on vient parfois chercher quelque chose sans vraiment savoir quoi.
Ce soir-là, j'ai retrouvé un éclat de mon enfance… et une envie renouvelée de protéger ce monde que Cousteau nous a appris à aimer.
Et vous, quel objet ou quel souvenir vous a déjà ramené, l'espace d'un instant, à l'enfant que vous étiez?
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